samedi 25 juillet 2009

ENZAE- ROMAN DE LMULUD U BEQQA


L’histoire ici rapportée est censée être vécue chez les « Èth-Waghlis », en basse Kabylie, une contrée d’Algérie. (Èth-Waghlis étant le nom de l’une des tribus composant la basse Kabylie).

Dans son parler du quotidien, l’homme ou la femme kabyle ne sait pas dire « Monsieur, Madame ou Mademoiselle ». Par déférence à son aîné (e) on utilise le mot : « Dhadae » si on s’adresse à un homme ou « Naenae » quand il s’agit d’une femme comme il sera constaté, lecture faisant de cet ouvrage. La simplification de ces deux termes donne alors « Da » suivi du prénom de l’homme et « Na » suivi de celui de la femme.»Pas plus différent des autres villages de cette contrée, « Tasğa Wazro » aurait été le théâtre d’une tragédie décrite dans ses moindres détails et qui se serait produite durant la deuxième guerre mondiale. Si elle était rédigée directement en kabyle, cette histoire aurait été mieux perçue et appréciée pour ce qu’elle contient de sentences, d’adages et de paraboles. Mais elle n’intéresserait que les berbérophones. Elle est donc traduite autant que possible se peut pour permettre au non berbérophone d’effectuer une découverte de cette région qui reste fascinante malgré tout. Dans tous ses palabres, le disert Kabyle était l’homme qui subjuguait son interlocuteur en utilisant à tout bout de champ, cette poésie qui donnait du charme à son langage : Plus on savait manier le verbe, plus on était imposant et respecté. Jusqu’à l’arrivée des Français en Algérie, la Kabylie ignorait l’existence des tribunaux administratifs. Les affaires, quel qu’en soit le genre, étaient traitées et résolues par des assemblées de sages. Pour être membre de telles assemblées, il fallait être à même de mériter sa place en donnant à ses pairs la preuve de ce qu’on sait manier en tout bon sens cette arme qu’était le verbe. Les gens de la rue, s’ils ne sont pas tous capables d’occuper le rang de leurs élites, glanent par-ci par-là des proverbes et autres paraboles qu’ils apprennent et n’hésitent pas à utiliser l’occasion idoine venue, pour chercher à se mettre en valeur. On s’en rendra compte en lisant ce récit. Si les dates invoquées dans cette histoire correspondent exactement à celles du calendrier de l’année 1944 et celui de l’année 1945, il demeure que les noms des personnages invoqués sont tous fictifs.
Des similitudes s’il y en a, ne peuvent donc être que pure coïncidence et que ceux ou celles qui se reconnaîtront veuillent être indulgents car je ne veux en rien les offenser.
Les dates quant à elles correspondent à peu près toutes à celles d’évènements heureux ou malheureux réellement vécus par la famille.
L’alphabet français ne possédant pas autant de consonances que l’alphabet berbère, il aura fallu utiliser quelques combinaisons de lettres du premier pour avoir le son original des mots transcrits directement en kabyle. Aussi, s’avère-il indispensable de donner ici, la clef des combinaisons utilisées pour permettre au berbérophone une lecture aisée et correcte des passages écrits dans leur forme originale.
Il y a d’abord le « a ». Cette lettre existe dans l’alphabet berbère, mais le son souvent utilisé est le médian entre le « a » et le « e ». Il est représenté ici par le « æ ».Il y a le « aâ ». Cette combinaison nous donne le son de lettre « ع » de l’alphabet arabe. La lettre « b » existe aussi, mais c’est surtout beaucoup plus le « v » qui reste usité surtout en basse Kabylie. La lettre « i » possède sa propre phonétique, mais il existe un autre son qui n’est ni le « e » ni le « i «. Il est représenté sous la forme de « ei ».Il y a le « d » et le « d » mouillé. Quand c’est le « d » tout court il est lu tel quel ou peut-être doublé quelques fois, mais quand il s’agit du « d » mouillé, il est reproduit sous la forme de « dh ».Il y a le « g » qui doit être lu comme « guae » mais il y a aussi le « g » mouillé qui est reproduit sous la forme de « ğ » comme dans iğaeni (le ciel).Le « h » est lu tel quel s’il écrit seul mais s’il est doublé, il renvoie au son de la lettre « ــه» en arabe. Le « k » se lit aussi normalement, mais il existe un son voisin qui est un « k » mouillé et qui est reproduit sous la forme de « k’ » comme dans le mot : ék’èl. (La terre).Il y a le « t » et le « th ». Ce dernier doit être lu avec la consonance de la lettre « ث » arabe. Il y a le « ts » qui est un « t » sifflant. Il y a le « q » qui doit être prononcé comme la lettre « ق » arabe Il y a le « r » et le « gh ». Le premier se prononce comme le « ر » (R roulé) et le second comme le « R » du parisien ou encore comme le son « « غ » de l’arabe. Il y a le « tch » qui se lit comme dans le mot : match. Le « w » est utilisé avec sa même consonance. Si cette histoire venait à être éditée un jour, j’émets ardemment le souhait que M. André THIRIAT puisse l’avoir entre les mains.
Il avait, durant les années soixante, forgé mon esprit encore inculte et celui de mes pairs alors qu’il enseignait à l’école primaire d ’EL-FLAYE (au titre de la coopération culturelle française, contrat reconduit jusqu'en 1969 par les ministères français et algériens)
Mon travail se veut être un hommage pour lui, je lui fais ma révérence.

LMULUD U BEQQA